Actualités — 24 juin 2025 at 10 h 13 min

Sortie en salle de « My Stolen Planet » (2024) de Farahnaz Sharifi

Ce mercredi 25 juin sort en salle My Stolen Planet de Farahnaz Sharifi, premier long métrage d’une réalisatrice qui, à travers de nombreux films courts et un moyen métrage, interroge depuis plus de 20 ans la mémoire personnelle et collective en Iran.

Le film retrace 43 ans de vie à l’intérieur et à l’extérieur de la République islamique de la naissance de la cinéaste le 8 mars 1979, jour de la première manifestation féministe en Iran, à la révolution « Femme, vie, liberté » qui éclata le 16 septembre 2022 après la mort de Mahsa Jina Amini pour port incorrect du voile.

Entre ces deux dates, Farahnaz Sharifi souligne l’existence de deux mondes à l’intérieur de l’Iran comme deux planètes. D’une part, la sphère publique sous surveillance religieuse et politique ; de l’autre, la sphère privée où s’organise une vie différente où l’on danse et chante parfois à l’unisson des concerts organisés par la diaspora iranienne et retransmis par Internet.

Revenant sur plusieurs événements qui ont marqué l’histoire des femmes en Iran depuis 1979, My Stolen Planet évoque également des drames récents comme les manifestations de novembre 2019 contre le prix du carburant entraînant une répression sans image ou l’attaque de deux missiles tirés par les Gardiens de la révolution en janvier 2020 contre un avion de ligne ukrainien transportant des passages irano-canadiens venus passer les fêtes de fin d’année en Iran. Autant d’événements qui montrent la collision et la tension entre deux planètes.

La cinéaste tisse des liens avec d’autres documentaires comme Radiographie d’une famille (2020) de Firouzeh Khosrowvani ou L’art de vivre en danger (2020) de Mina Keshavarz, deux réalisatrices que l’on voit dans le film. C’est après leur arrestation en mai 2022 alors qu’elle se trouvait elle-même en résidence en Allemagne que Farahnaz Sharifi décide de ne pas retourner en Iran.

Avec une grande maîtrise, la cinéaste met en relation les images du passé et celles du présent pour offrir un portrait multiple de la société iranienne. L’image de la petite fille souriante qu’elle fut dans la cour de sa maison résonne à la fin avec celle d’une autre enfant de 2022 qui n’a plus peur de crier sa colère dans la rue, reprenant possession de cette autre partie de sa planète.

My Stolen Planet est certainement le film le plus important à voir aujourd’hui pour comprendre le combat qui est mené à l’intérieur et à l’extérieur de l’Iran afin de repenser un passé et un présent et de permettre de définir une histoire nouvelle à l’image d’une société civile qui continue sa révolution.