Actualités — 3 mars 2018 at 13 h 51 min

« Hair » (2016), sortie en salle du film de Mahmoud Ghaffari

hair (1)Ce mercredi 7 mars sort en salle Hair (2016) de Mahmoud Ghaffari. Inspiré d’une histoire vraie, ce seconde long métrage du réalisateur de Ceci est un rêve (2014) s’intéresse au parcours de trois jeunes iraniennes, karatékas muettes, qui souhaitent concourir au championnat mondial en Allemagne et se retrouvent tiraillées entre le règlement international et celui de la fédération de la République Islamique d’Iran qui leur impose de dissimuler non seulement leurs cheveux mais aussi leur cou. Film d’une grande sensibilité, troublant, rigoureux et rageur, Hair nous donne à voir le combat des femmes en Iran pour leurs droits. Si l’action se situe durant le second mandat de Mahmoud Ahmadinejad, son propos résonne avec la situation actuelle en Iran contre le port obligatoire du voile.

Hair

Le film interroge le sentiment d’injustice que traduisent les pleurs muets d’une des jeunes filles au prologue. Nous la retrouvons après le générique en train de s’entraîner avec ses coéquipières. C’est alors que nous découvrons que les trois sportives sont muettes. Le parti pris du réalisateur a été de ne pas sous-titrer leurs échanges en langage des signes, obligeant le spectateur à les regarder pour les comprendre. Nous suivons leur vie de jeunes filles d’aujourd’hui à Téhéran achetant un drapeau en vue de la compétition, se rendant chez l’esthéticienne, écoutant de la musique, prenant des cours d’anglais. Elles vivent leur vie avec simplicité tout en se préparant pour les jeux. Le choc est terrible quand elles apprennent qu’elles ne pourront pas concourir. Elles défendent leurs droits avec acharnement mais il apparaît clairement que le problème ne vient pas de leur absence de parole mais de la surdité de la fédération iranienne qui reste inflexible, refusant tout compromis.

1. Hair

Shabnam, la jeune femme apparue au prologue, refusera de céder. La scène où on la voit, le crâne rasé, se maquiller devant la glace, montre comment une jeune femme dont la féminité est niée la regagne autrement. Le fard à paupière et le rouge à lèvres deviennent ses peintures de guerre. Elle s’apprête à mener un combat, non plus à trois sur le tatami, mais seule dans sa vie, en espérant que d’autres la rejoindront. Sa respiration, ses rires et ses larmes, soulignent sa détermination. Présenté au Festival International du Film Indépendant de Bordeaux ainsi qu’au festival « Un état du monde… et du cinéma » au Forum des images en 2016, Hair confirme, après Des Rêves sans étoiles de Mehrdad Oskouei et avant Dokhtar de Reza Mirkarimi, de l’apparition dans le cinéma iranien du personnage de la jeune fille dans sa volonté d’émancipation. Il faut voir ce film inoubliable pour prendre la mesure du courage des femmes iraniennes.

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