Dessins — 8 mars 2018 at 10 h 16 min

Le courage des femmes iraniennes

IMG_2620Le mercredi 27 décembre 2017, à l’angle de l’avenue de la Révolution et de l’avenue Taleghani, Vida Movahed, 31 ans, se tient debout sur un mobilier urbain, avec dans les mains une baguette au bout de laquelle est noué un foulard blanc. Cette image sera confondue avec le mouvement de contestation qui éclatera le lendemain dans plusieurs villes d’Iran. S’il importe de distinguer les deux manifestations, elles ne sont pas cependant sans lien entre elles. Le geste du 27 décembre correspond, en effet, aux « mercredis blancs », lancés en mai 2017 dans la continuité de « Ma liberté furtive », mouvement initié par la journaliste Masih Alinejad qui vit en exil aux États-Unis. Depuis 2014, elle invite les iraniennes à mettre en ligne des photographies d’elles les montrant sans voile dans l’espace public. Les « mercredis blancs » se traduisent par le port d’un voile blanc chaque mercredi en signe de protestation contre cette obligation vestimentaire qui signifie l’inégalité homme-femme. On remarquera d’ailleurs que le foulard de Vida Movahed est blanc et qu’il devient, au bout de sa hampe, un drapeau de paix.

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Le 28 décembre, jour qui suivit le geste et l’arrestation de la jeune femme, la police de Téhéran annonça que les Iraniennes ne portant pas correctement leur voile ne seraient plus arrêtées dans les rues de la capitale mais recevront une amande et l’obligation de suivre des cours de bonne conduite. Ce que The Times rapporta, de manière erronée, comme la fin du port obligatoire du voile à Téhéran ! Il est plus probable que ce soit le nombre de femmes arrêtées le 27 décembre et le début de la contestation dans le pays qui amenèrent à une telle déclaration et non une volonté d’ouverture. Le geste de Vida Movahed ne resta pas sans suite. D’autres femmes l’ont répété depuis. Les films et les photos qui sont pris à chaque fois donnent lieu presque immédiatement à des dessins ou des représentations artistiques. Quand bien même les autorités cherchent à empêcher ces manifestations en ajoutant des toits pointus sur les mobiliers urbains ou en imposant des peines lourdes de prisons ou des cautions dissuasives (loin de la simple amande et des cours obligatoires), le mouvement continue, avenue de la Révolution et ailleurs, témoignant du courage des femmes iraniennes contre le port obligatoire du voile. « L’histoire retiendra peut-être que c’est là, sur ce caisson électrique et anonyme au croisement des avenues Enghelab [Révolution] et Taleghani, dans le centre de Téhéran, que tout a commencé. Que tout a commencé ou que tout a fini, cela dépend du point de vue », écrit dans Le Monde, Christophe Ayad.

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