Actualités — 3 décembre 2017 at 14 h 25 min

Sortie en salle, pour la première fois en France, de « Leila » (1996) de Dariush Mehrjui

Ce mercredi 6 décembre sort en salle Leila (1996) de Dariush Mehrjui avec Leila Hatami et Ali Mossafa. Inédit en France, il s’agit du premier film important de Leila Hatami qui avait déjà fait des apparitions dans les films de son père, Ali Hatami, mais n’avait pas encore tenu le rôle principal d’un film. Elle a ici pour partenaire Ali Mossafa qu’elle épousera deux ans après la sortie du film. Le mariage est précisément l’un des thèmes du long métrage qui met en scène un couple moderne au sein d’une famille traditionnelle.

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Le film commence au mois de Moharram lors de la cérémonie de l’Achoura consacrée au deuil des imans du chiisme avec la préparation du sholeh zard, désert de riz et de safran, portant à la surface le nom de Dieu et des imans. C’est à cette occasion que Leila rencontre Reza qui deviendra son époux. Le couple vit une vie moderne, insouciante et heureuse, dans un Iran qui se reconstruit, huit après la fin de la guerre Iran-Irak (1980-1988). Tout pourrait se passer pour le mieux entre les deux époux, si n’était la présence intrusive de la famille symbolisée par les appels téléphoniques incessants. D’abord entourée, la jeune femme semble de plus en plus isolée malgré l’amour que continue à lui porter Reza. En effet, découvrant qu’elle ne peut pas avoir d’enfant, sa belle famille veut l’amener à autoriser Reza à avoir une seconde épouse sans tenir compte de leur bonheur.

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Le réalisateur prend parti pour la génération qui a grandi avec la révolution et la guerre dont il montre la modernité et les plaisirs simples tout en soulignant sa dépendance vis à vis de la famille. Pour signifier le poids des traditions, Mehrjui a recours à certains procédés comme l’adresse à la caméra des membres de la belle famille qui expriment leur désir de voir Leila donner naissance très prochainement à un garçon ou les fondus de couleur qui confèrent aux plans une tonalité particulière. Ces procédés pourront sembler datés, ils n’en rappellent pas moins la violence derrière les sourires de façade et les formules de politesse, et montrent la résignation comme la sidération qui peut naître de ces situations. Le cinéaste saisit toutes les expressions d’émotion, de joie et de tristesse, sur le visage de son actrice principale dont la voix off accompagne le film.

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21 ans après sa réalisation, la sortie du film permet de s’interroger avec le recul nécessaire sur cette génération et celle d’aujourd’hui. La situation a-t-elle réellement changé comme l’espérait la jeune femme qui évoque dans ses derniers mots la génération à venir, semblant prendre rendez-vous ? C’est à cette question que le spectateur d’aujourd’hui devra répondre.

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