Actualités — 19 septembre 2017 at 16 h 00 min

Sortie en salle du documentaire « Des Rêves sans étoiles » (2016) de Mehrdad Oskouei

Ce mercredi 20 septembre sort en salle le nouveau documentaire de Mehrdad Oskouei, Des Rêves sans étoiles qui suit un groupe de jeunes filles incarcérées dans un centre de détention et de réhabilitation de la banlieue de Téhéran. Avec la même attention qu’il avait porté à un groupe de jeunes garçons incarcérés dans Les Derniers jours de l’Hiver, sorti en France en 2012, Des Rêves sans étoiles nous fait partager le quotidien de ces jeunes filles en nous rappelant les raisons de leur présence dans ce lieu. Toutes ont commis des actes graves : parricide, trafic de drogue, vol à main armée, fugue. Sans se poser en victimes, chacune d’elles témoigne par son parcours de la violence qui peut exister au sein de la société iranienne en particulier vis-à-vis des femmes.

4bmu8123da9dc8mswt_800C450Souvent mariées très jeunes, parfois déjà mères, elles connaissent des situations familiales compliquée mais semblent réapprendre à vivre et à faire confiance aux autres grâce au centre. Cette confiance se traduit vis-à-vis de leur camarades, du personnel du centre mais aussi du cinéaste à qui elles se confient. La force du film est de multiplier les approches documentaires : de l’entretien individuel au portrait de groupe, en passant par la confrontation avec la famille. Les jeunes filles qui portent leur propre prénom ou un sobriquet qu’elles se sont inventé (« Personne », « 651 », « Tintin ») offrent plusieurs visages, à la fois effrontées, sûres d’elles-mêmes et vulnérables. Le cinéaste sait parfois s’effacer pour les laisser s’exprimer en s’emparant du micro pour s’improviser chanteuses ou en utilisant des marionnettes mais aussi en livrant les dessins et les textes de leurs journaux intimes. Certains visages qui n’apparaissent qu’une seule fois dans le film n’en restent pas moins inoubliables. Comme si le cinéaste en un seul plan à la dérobée avait su capter la personnalité d’une jeune fille dont nous ne connaîtrons ni le nom ni l’histoire.

576723.jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxxL’intimité à laquelle parvient Mehrdad Oskouei se traduit aussi par des entretiens à demi-voix au petit jour qui donnent son titre au film. L’intrusion d’un nouveau né dans le centre crée une situation surprenante. Toutes les jeunes filles prennent soin de lui, lui témoignant l’amour et l’affection qu’elles n’ont pas reçues. La maturité intellectuelle et sentimentale ainsi que la liberté de parole de ces adolescentes étonnent. On s’interroge sur leur futur et leur avenir de mères. Deux des jeunes filles tiendront des propos contradictoires dans le rapport à leur futur enfant selon qu’elles aient un garçon ou une fille. Les extrêmes se côtoient tout au long du film qui passe des rires aux larmes et du découragement à l’espoir. Le réalisateur et son chef opérateur saisissent le temps qui passe et la mélancolie avec une rare délicatesse.

Starless-Dreams-3Des Rêves sans étoiles qui a reçu le Prix Amnesty International au festival de Berlin en 2016 et le Grand Prix Nanook au dernier festival Jean Rouch est incontestablement un des grands films de la rentrée.

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