Dessins — 27 février 2017 at 9 h 31 min

Un deuxième Oscar pour Farhadi

Oscar pour Asghar, Bozorgmehr Hosseinpour

Cinq ans après avoir remporté un premier Oscar du Meilleur film étranger avec Une Séparation (2011), Asghar Farhadi a reçu une deuxième statuette dans la même catégorie, le dimanche 26 février 2017, lors de la 89ème cérémonie des Oscars. Le cinéaste fait désormais partie des quatre réalisateurs étrangers ayant remporté deux fois l’Oscar du Meilleur film étranger avec Federico Fellini, Ingmar Bergman et Carlos Saura.

Intervenant après l’élection de Donald Trump en novembre 2016, le cinéaste pour protester contre le décret anti-migratoire visant « 7 pays musulmans » dont l’Iran, avait décidé de boycotter la cérémonie, demandant à deux de ses compatriotes vivants aux États-Unis de le représenter : Anousheh Ansari, première femme touriste de l’espace et le Dr. Firouz Naderi, ancien ingénieur en robotique à la Nasa, directeur de l’Exploration du système solaire. Dans la lettre lue par Anousheh Ansari, le réalisateur remercie l’Académie en expliquant la raison de son absence :

« C’est un grand honneur de recevoir ce prix prestigieux pour la seconde fois. J’aimerais remercier les membres de l’Académie, mon équipe en Iran, mon producteur Alexandre Mallet-Guy, Cohen Media, Amazone et mes confrères nommés pour le film étranger. Je suis désolé de ne pas être parmi vous ce soir. Mon absence est due au respect de mon peuple et celui de six autres pays qui ont été déconsidérés par la loi inhumaine qui interdit l’entrée d’immigrés aux États-Unis. Diviser le monde entre les États-Unis et des catégories désignées comme ennemies crée la peur, une justification trompeuse pour le repli et la guerre. Ces guerres empêchent la démocratie et les Droits de l’Homme dans des pays, eux-mêmes victimes d’agressions. Les cinéastes peuvent utiliser leur caméra pour enregistrer des qualités partagées par tous et briser les stéréotypes entre les différentes nationalités et religions. Ils créent de l’empathie entre nous et les autres. Une empathie dont nous avons besoin aujourd’hui plus que jamais ».

Dans son dessin, le caricaturiste Bozorgmehr Hosseinpour montre un Farhadi souriant qui met en échec un Donald Trump qu’on devine furieux à moins qu’il ne s’agisse de ses conseillers qui manient le pion au costume bleu et à la mèche relevée !

// Lettre d’Asghar Farhadi lue par Anousheh Ansari lors de la cérémonie des Oscars