Actualités — 27 septembre 2025 at 22 h 57 min

Sortie en salle d’ « Un simple accident » de Jafar Panahi, Palme d’or 2025

Ce mercredi 1er octobre sort en salle Un simple accident de Jafar Panahi, Palme d’or 2025. Ce onzième long métrage du réalisateur du Cercle (2000) est le premier dans lequel il n’apparaît pas dans son propre rôle depuis 2010 et sa condamnation à 6 ans d’emprisonnement suivis de 20 ans d’interdiction de réaliser des films, donner des interviews ou voyager à l’étranger. Une peine qui fut confirmée en appel en 2011, avant d’être appliquée de juillet 2022 à février 2023 alors qu’elle semblait révolue, et qui est aujourd’hui levée, permettant, pour la première fois au cinéaste, depuis 15 ans, d’accompagner à l’étranger son film qui représentera la France aux Oscar, le 16 mars 2026.

Comme Les Graines du figuier sauvage de Mohammad Rasoulof, Un simple accident est marqué par l’expérience carcérale de son auteur – Panahi a été arrêté trois jours après Rasoulof et Mostafa Aleahmad alors qu’il était venu prendre de leurs nouvelles au tribunal. C’est derrière les barreaux, qu’il a suivi le début de la révolution « Femme, vie, liberté » où pour la première fois, les manifestants demandaient non pas des réformes mais la fin de la République islamique. Un mouvement en cours qui se traduit par le refus de nombreuses femmes de porter désormais le voile et un rejet explicite du pouvoir non plus uniquement en privé ou dans des taxis collectifs comme c’était le cas jusqu’ici, mais de manière publique et quotidienne avec la certitude que le régime est condamné, même si personne ne sait quand ni comment il tombera pour de bon.

C’est dans ce contexte d’une profonde mutation de la société iranienne qu’a été réalisé Un simple accident qui mêle la gravité à la légèreté, l’idéalisme à la lucidité, pour penser le présent mais aussi l’avenir de l’Iran, soulignant l’exercice difficile et parfois ingrat de la démocratie.

À travers une folle journée entre Téhéran et le désert, usant d’un langage cru, le film dresse le portrait d’un pays tendu et meurtri tout en évitant de relancer le cycle sans fin de la vengeance qui avait marqué la révolution de 1979. Se gardant de donner le dernier mot d’une histoire qui continue à s’écrire, Panahi renvoie ainsi chaque spectateur à son libre arbitre pour savoir comment il agirait dans les mêmes circonctances. Un simple accident constitue, en ce sens, un film profondément démocratique.