Actualités — 8 août 2021 at 20 h 35 min

Sortie en salle de « L’Echiquier du vent » (1976) de Mohammad Reza Aslani

Ce mercredi 18 août sort en salle L’Échiquier du vent (1976), premier long métrage de Mohammad Reza Aslani, 45 ans après sa réalisation. Le film, saboté lors de son avant-première au 5ème Festival International de Téhéran en novembre 1976, et jugé sévèrement par une partie de la critique qui blâmait sa recherche artistique et sa construction perçue comme sibylline, retrouve sa splendeur d’origine et sa place – une des premières – dans le cinéma iranien prérévolutionnaire.

235736230_3704734002961586_640754861640190344_nSitué au début du 20ème siècle dans une demeure au coeur de Téhéran, le film relate sous la forme d’un huis-clos la relation tendue entre un veuf et sa belle-fille. À ce face à face sur l’échiquier des ambitions personnelles répondent les desseins cachés d’autres protagonistes. Dans cet atmosphère de palais, tous les coups semblent permis.

LÉCHIQUIER-DU-VENT-08S’inspirant de la miniature persane, le film alterne des plans d’ensemble relativement paisibles sur les décors et les personnages avec des gros plans sur des objets aux mains des protagonistes traduisant leur agitation intérieure. Les rapports de pouvoir sont soulignés par l’escalier central mais aussi par le fauteuil roulant de l’héroïne qui s’apparente à un trône tout en la rendant dépendante de sa servante. Tout concourt à créer une atmosphère raffinée et cruelle à la limite du fantastique. Critique de la société iranienne entre la révolution constitutionnaliste de 1906 et  l’avènement de la dynastie des Pahlavi en 1925, le film évoque un passé qui ne passe pas.

LÉCHIQUIER-DU-VENT-10On ne s’étonnera pas d’apprendre que L’Échiquier du vent a été interdit par la République islamique. Seule une VHS de mauvaise qualité et aux nombreuses scènes coupées était disponible depuis 1980. La restauration des bobines, retrouvées dans une brocante, permet enfin de prendre la mesure de l’oeuvre dans son intégralité.

0769931.jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxxOn retiendra notamment la scène finale – seule sortie de l’enceinte de la maison – qui offre un panoramique du Téhéran des années 1970 comme un raccord entre le passé de l’intrigue et le présent de sa réalisation qui précède de peu la révolution et semble déjà l’annoncer. Avec le recul, L’Échiquier du vent gagne une dimension supplémentaire dans sa réflexion sur l’Histoire iranienne du début du 20ème siècle à aujourd’hui.