Repères — 10 novembre 2016 at 15 h 55 min

Le studio Kanoun et les films éducatifs en Iran

Le vendredi 28 octobre 2016 dans le cadre du cycle « Cas d’école(s) » du Forum des images, Bamchade Pourvali a présenté un cours de cinéma sur « Le studio Kanoun et les films éducatifs en Iran ». Nous reproduisons ci-dessous le texte de la conférence en complément de la vidéo.

logoLes films éducatifs en Iran ont vu le jour essentiellement au sein du studio Kanoun : « l’Institut pour le développement intellectuel des enfants et des jeunes adultes ». Ce qui se dit en persan : « Kanoun parvaresh fekri koudakan va nojavan », qu’on a pris l’habitude d’appeler plus simplement Kanoun, l’« Institut ». Un diminutif qui s’est imposé de manière internationale selon des orthographes différentes : « Kanun », « Kanoon », ou « Kanoun ». Bien que celui-ci apparaisse dans un contexte politique particulier, celui de la « Révolution blanche » initiée en janvier 1963 par le dernier Shah d’Iran pour moderniser le pays, l’idée initiale du centre ne revient pas à l’État mais à une amie d’enfance de l’impératrice : Leyli Amir-Arjomand qui, de retour des États-Unis où elle avait suivi des études de bibliothécaire, fit remarquer à Farah Diba qu’il n’existait pas en Iran de livres pour enfants comme on pouvait en trouver aux États-Unis ou en Europe.

affiche-blanc-et-noir-1972-de-sohrab-shahid-saless-par-abbas-kiarostamiLes deux jeunes femmes décident alors de traduire et de diffuser des ouvrages destinés à la jeunesse à travers des bibliothèques dont la première est inaugurée à Téhéran près du Parc Farah (aujourd’hui Parc Laleh) en 1966. À ces livres et ces lieux de lecture vont s’ajouter progressivement la publication de disques, la création d’ateliers de musique, de peinture, de théâtre et de cinéma, un festival international du film pour enfants à Téhéran de 1966 à 1977, enfin un département cinématographique au sein du Kanoun en 1969, sous la direction conjointe d’Ebrahim Forouzesh et d’Abbas Kiarostami. C’est dans ce cadre que seront réalisés des courts, moyens et longs métrages, de fiction ou documentaire, ainsi que des animations.

25Forouzesh est en charge de la fiction et Kiarostami du documentaire et des oeuvres de recherche à travers des films comme Deux solutions pour un problème (1975), Moi aussi, je peux (1975),  Les Couleurs (1976), Rage de dents (1980),  Avec ou sans ordre (1981), Les élèves du cours préparatoire (1985), Devoirs du soir (1992). Cette séparation n’est toutefois pas rigoureuse et fermée : Kiarostami tournera des films de fiction, en-dehors de son département, et les films supervisés par Forouzesh comprendront aussi une dimension didactique. L’ambition du Kanoun était en effet de faire des films instructifs mais aussi récréatifs. La seule contrainte consistait à réaliser des films qui plaisent aux enfants.

Les débuts du Kanoun

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Les bibliothèques du Kanoun se développeront à travers le pays dès la fin des années 60 et tout au long des années 70. Des cars sont aussi mis à disposition de l’Institut pour acheminer les livres dans les lieux les plus reculés de l’Iran. Souvent les enfants qui découvrent ces ouvrages sont les premiers de leur famille à savoir lire et écrire. Ils liront les histoires aux plus jeunes mais aussi aux parents et aux grands-parents. Des bus organiseront aussi des spectacles de théâtre et des projections de film réunissant différentes générations.

Il n’est pas possible de séparer le travail d’édition, lié aux bibliothèques, de celui du cinéma puisque de nombreux artistes, écrivains ou illustrateurs de livres pour enfants, seront aussi scénaristes et réalisateurs de films ou de dessins animés.

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L’un des premiers livres parus en 1967 est une traduction de La Petite Sirène d’Hans Christian Andersen par Farah Diba qui est aussi à l’origine des illustrations. Cet acte fondateur montre l’intérêt de l’impératrice pour cette entreprise placée sous son patronage. Aux deux jeunes femmes se joindra, comme responsable des éditions, la députée Homa Zahedi, fille du général Fazlollah Zahedi. C’est elle qui fera appel à Firouz Shirvanlou, critique d’art aux opinions et sympathies marxistes, qui va recruter la plupart des écrivains et illustrateurs qui travailleront pour le Kanoun dont Abbas Kiarostami.

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Le premier livre pour enfants à remporter un prix international est Le Petit poisson noir de Samad Behrangi. Instituteur et écrivain dont les livres pédagogiques furent interdits par la SAVAK, Samad Behrangi est connu pour ses deux contes pour enfants : Baldy, le gardien des pigeons et Le Petit poisson noir. Le héros de ce récit, comme l’indique le titre, est un petit poisson noir, rejeton unique et curieux, qui décide un beau jour de quitter sa mère et son cours d’eau pour aller voir où mène la rivière. Tout le monde se demande d’où lui est venue cette étrange idée et cherche à l’en dissuader mais rien n’y fait. Sur son chemin, le voyageur rencontre des têtards, une grenouille, un crabe, un lézard, d’autres poissons, et mène un combat courageux contre le pélican pour sauver un de ses congénères. Le livre, illustré par Farshid Masghali, remportera le grand prix du livre pour enfants de Bologne en 1969. L’histoire est racontée par un poisson âgé dont on ne sait pas s’il s’agit de celui que le petit poisson noir a sauvé. On apprend à la fin qu’un petit poisson rouge rêve lui aussi désormais de découvrir l’Océan.
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Le second livre du Kanoun à remporter un prix international a pour titre Les Corbeaux (1970) de Nader Ebrahimi, et fut illustré par Nouredine Zarrinkelk. On pense en voyant la couverture à Chaval et aux Oiseaux sont des Cons (1964), référence que devait connaître Zarrinkelk qui s’était formé au dessin animé en Belgique. Ses images sont encore plus belles puisque pour former le corps des oiseaux, l’auteur a eu recourt à des empreintes digitales. Ce qui peut aussi revêtir un caractère politique. C’est un point intéressant qui réapparaîtra dans de nombreux livres et films du Kanoun : beaucoup d’éléments rappellent en effet des œuvres étrangères mais avec une touche iranienne qui renvoie à une culture ancienne de l’image ou à un contexte politique et historique particulier. Le livre remporta en 1970, le Prix de l’UNESCO du livre pour enfants et de l’association des éditeurs japonais pour ses illustrations.

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Un autre ouvrage : Perdu au bord de la mer (1970) a été écrit par Ghalam Hossein Sa’edi, le scénario de La Vache (1969) et illustré par Zaman Zamani.

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Le poète Ahmad-Reza Ahmadi signa J’ai une chose à dire que seuls vous les enfants pouvez croire (1969) avec des images d’Abbas Kiarostami. Après Le Corbeaux, Nader Ebrahimi et Nouredine Zarrinkelk travaillèrent à nouveau ensemble sur L’Histoire des fleurs du Tapis (1974) qui mêle dessins et photographies.

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L’autre grand illustrateur, contemporain de Zarrinkelk, est Ali Akbar Sadeghi, auteur du Champion Abdorrahzar en 1972.

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On remarque à travers ces exemples qu’aucun livre ne ressemble à un autre et que les titres renouent avec des arts anciens ou annoncent des arts nouveaux comme l’image électronique utilisée par Bahman Dadkha pour le poème La Légende de Nima Youshigh en 1978.

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À ce travail d’édition répond une autre activité au sein du Kanoun, celle de la publication de disques à travers quatre collections : la musique folklorique, la musique classique, l’enregistrement de poèmes, les chansons pour enfants. Là encore l’aspect graphique étonne par sa modernité comme cette pochette d’un enregistrement des poèmes d’Ahmad Chamlou par l’auteur.

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On remarque aussi la couverture de La fleur est venue, le printemps est arrivé, une histoire chantée de Manoucher Neyestani, illustrée par Parviz Kalantari.

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Ces illustrateurs travailleront pour l’animation mais aussi les affiches du « festival international du film pour enfants et jeunes adultes » de Téhéran dont la douzième et dernière édition aura lieu en 1977.

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La Maison est noire de Forough Farrokhzad, un modèle caché ?

Avant de nous intéresser à proprement parler aux films produits par le Kanoun, il n’est pas inutile de nous arrêter sur un film antérieur à la création de l’Institut : La Maison est noire (1963) de la poétesse Forough Farrokhzad. Le film est une commande de la société d’aide aux lépreux et a été tourné à Tabriz. Il remportera le prix du meilleur documentaire au festival d’Oberhausen (1964) et sera salué, entre autres, par Chris Marker.

Plusieurs points justifient qu’on puisse considérer ce film comme le point de départ du cinéma éducatif en Iran tel que le pratiquera le Kanoun. En effet, on y perçoit une dimension informative et poétique, la présence des enfants (dont le futur fils adoptif de Forough Farrokhzad : Hossein Mansouri), mais aussi du handicap qui sera souvent évoqué dans les films iraniens sur l’enfance, enfin, l’affirmation de « l’écran-tableau noir », repris par de nombreux cinéastes iraniens.

Les films du studio Kanoun

À la question des Cahiers du cinéma : « Dans quelles conditions travaillez-vous au Kan(o)un ? », Amir Naderi répond :

« C’était le seul endroit où l’on pouvait faire des films non commerciaux. Shahid Saless a commencé au Kan(o)un, puis a réussi à faire des films hors du Kan(o)un parce qu’il tournait très vite et pour trois fois rien. Le Kan(o)un avait besoin de films pour enfants, nous en faisions et pour le reste nous étions complètement libres. Personne ne voyait nos films, donc personne ne nous jugeait. Et on tournait avec très peu d’argent. Harmonica a coûté l’équivalent de 5 000 dollars. Les films ne tournaient que dans les bibliothèques pour enfants, l’été, quand il faisait chaud et que les gamins restaient dans les bibliothèques qui avaient l’air conditionné. On pouvait donc développer un style personnel. Il y avait quand même un festival à Téhéran. En 1975, Skolimowski et Tati sont venus et ont été stupéfaits par nos films. Skolimowski avait donné le prix au Passager de Kiarostami, et j’avais reçu un prix pour L’Attente. On commençait à être un peu connus à l’étranger. L’Attente est allé à Cannes la même année, et j’ai reçu un prix donné par Henri Colpi, le monteur de Resnais ».

Plus tôt, dans le même entretien, le cinéaste déclare :

« Comme nous travaillions pour le Kan(o)un, nous avions des copies de films avec des enfants. Par exemple nous avions été très impressionnés par la trilogie de Bill Douglas. Avec Abbas, nous allions nous projeter la copie au sous-sol du Kan(o)un et on se demandait : comment faire des films comme ça ? Les gens croient que nous n’avions qu’à ouvrir la fenêtre pour laisser entrer l’inspiration, mais non, on travaillait énormément. (…) Les cinéastes qui travaillaient au sein du Kan(o)un, comme Kiarostami et moi, étaient différents de ceux qui travaillaient de façon indépendante »

« Défoncer des montagnes », entretien avec Amir Naderi, réalisé par Jean-Philippe Tessé à Venise, les 2 et 5 septembre, Cahiers du cinéma, n°726, octobre 2016, p. 90.

Un des premiers longs métrages du Kanoun sera L’Harmonica (1973) d’Amir Naderi qui se déroule près du Golfe Persique où a grandi le cinéaste. Le film met en scène un groupe d’enfants qui entre dans la puberté et doivent être circoncis. Un d’eux reçoit comme cadeau un harmonica qui fait l’émerveillement de ses camarades. Il devient un roitelet tout habillé de blanc qui abuse de son pouvoir à travers son instrument de musique qui lui permet d’imposer ses désirs à une cour dont fait partie Amiro. Un prénom qui fait pour la première fois son apparition dans l’œuvre d’Amir Naderi, et qui réapparaîtra dans Le Coureur (1985). Outre la fable sur le pouvoir, L’Harmonica est un film où l’enfant peut apprendre à compter.

Si on apprend à compter chez Naderi, on apprendra aussi l’alphabet dans le premier film iranien de renom réalisé après la révolutionnaire, Le Coureur (1985), produit aussi par le Kanoun. Naderi avait tourné deux films après la Révolution La Recherche 1 et La Recherche 2 qui seront tous les deux interdits. En 1985, il renoue avec le Kanoun pour raconter une histoire autobiographique dont l’action se situe avant la révolution. Nous voyons, tout au long film, Amiro, interprété par Majid Niroumand, apprendre l’alphabet.

C’est à l’école que l’enfant apprend à lire et à compter mais ce qui importe, c’est ce qu’il fera de cet apprentissage en-dehors de l’école. À la fin du film, nous voyons Amiro réciter l’alphabet en entier tandis que décolle un avion. C’est pour apprendre à lire les magazines qui parlent d’aviation qu’il s’est inscrit à l’école. Il sait que c’est ainsi qu’il accomplira ses rêves.

bashu-le-petit-etranger-affiche_4959_39909La reconnaissance internationale du Coureur va permettre au cinéma iranien de revenir au-devant de la scène. En effet, un autre film de cette période a aussi été tourné pour le Kanoun. Il s’agit de Bashu, le petit étranger (1986) de Bahram Beyzaï. Écrivain et homme de théâtre, Beyzaï a commencé sa carrière cinématographique au sein du Kanoun avec le court métrage Oncle Moustache (1970). Son dernier film réalisé avant la révolution La Ballade de Tara (1980) est le premier film iranien interdit après 79. C’est avec cet opus que renoue Beyzaï à travers Bashu, le petit étranger. Le cinéaste tourne en effet dans la même région, avec la même actrice (Susan Taslimi) mais pour une histoire qui se situe, cette fois-ci, durant la guerre Iran-Irak, et est liée à l’enfance et non à une histoire d’amour renvoyant à la Perse éternelle.

Le film montre la fuite d’un jeune garçon, Bashu, qui quitte le Khouzestan, la région près du Golfe Persique à la frontière avec l’Irak, disputée à l’Iran par les troupes de Saddam Hussein, et où la population fait partie des 2% d’arabophones iraniens. Ayant trouvé refuge dans un camion, il arrive dans la province du Gilan, près de la mer Caspienne, loin du champ de bataille où le climat est humide et où les habitants parlent un dialecte. Naïe, interprétée par Susan Taslimi, va aller contre les idées reçues du village en décidant d’adopter l’enfant en l’absence de son mari, parti à la ville à la recherche d’un travail. Chacun va apprendre la langue de l’autre et accepter les différences, sachant que Bashu, qui ne parle pas le gilani, a la peau foncé et apparaît d’abord comme une créature mystérieuse aux yeux de la jeune femme. Dans ses tentatives pour dialoguer avec Bashu, Naïe va faire appel aux objets établissant un pont entre l’arabe et le gilani. Pour la première fois du film, Bashu sourit car il est parvenu à communiquer.

Le spectateur non-arabophone et non-gilanophone, c’est-à-dire une majorité des Iraniens, qui a vu le film apprend à travers cette séquence des mots dans ces deux langues minoritaires du pays. Le persan, la langue majoritaire, se fera entendre lors d’une dispute entre Bashu et les autres enfants du village. Malmené, le garçon se retrouve à terre. Il hésite entre une pierre, à sa droite, ou un livre, à sa gauche. C’est finalement le livre qu’il prendra en lisant en persan : « Nous sommes tous les enfants de l’Iran ». Le film sera interdit par la censure pour son propos pacifiste jusqu’en 1989.

Ce chemin qui consiste à renouer le fil d’une histoire interrompue par la Révolution va se retrouver dans le parcours d’Abbas Kiarostami. En effet, pendant près de 10 ans, celui-ci ne tourna que des courts métrages de fiction ou des films documentaires. Où est la Maison de mon ami ? (1987) est son premier long métrage de fiction réalisé après la révolution évoquant certains aspects du Passager (1974). À la fin du film, Ahmad, qui n’a pas réussi à rapporter son cahier à Nematzadeh, décide de faire le devoir à sa place. Dans une scène saisissante, le vent pousse la porte. L’enfant regarde sa mère retirer le linge mis à sécher dans l’après-midi quand l’enfant était parti à la recherche de son camarade. On voit sur le visage d’Ahmad toutes les émotions qu’il a vécues et les rencontres qu’il a faites au cours de cette journée. Le film se termine sur l’image du cahier d’écolier et de la fleur offerte par le vieux menuisier dont il s’est fait un nouvel ami.

Le deuxième film de Kiarostami à être distribué à l’étranger sera également une production Kanoun mais un film très différent qui deviendra le manifeste du cinéma iranien des années 90 : Close up (1991). Si quelques plans d’ est la maison de mon ami ? rappelaient Le Passager, Kiarostami reprend dans Close up la partition de ce film. Le cinéaste semble ainsi répondre à une remarque d’Hossein Sabzian qui lors de son procès se comparait au héros malheureux du film de Kiarostami, réalisé 17 ans plus tôt.

Animations

Au même titre que les films de fiction ou les documentaires, l’animation a joué un rôle important dans la reconnaissance du Kanoun. Cette production est vue de plus en plus en Europe grâce au travail mené depuis plusieurs années par les films du Whippet et DreamLabs.

Les films animés du Kanoun possède une vraie dimension éducative et culturelle comme le montre Association d’idées (1973) de Nouredine Zarrinkelk, le premier dessin animé qu’il réalise en Iran après s’être formé en Belgique. On pense aux séquences animées des Monty Python mais avec plusieurs éléments iraniens comme le tchador ou le tar, par exemple.

Un autre film de Zarrinkelk : Amir Hamzeh et le zébre dansant (1977), donne à voir dans un opus en noir, blanc et rouge, de nombreux aspects de la culture iranienne : la miniature, le tapis, la danse, le jardin, le diable ! Le tableau noir est présent et les dialogues prennent la forme de phylactères pour les spectateurs un peu plus grands.

Zarrinkelk fera d’autres films à la fois éducatifs, voire politiques, comme Un monde fou, fou, fou en 1975 où la carte du monde s’anime pour évoquer le colonialisme et la géopolitique.

À l’exception d’Amir Hamzeh et le zèbre dansant, l’artiste s’inspira peu des miniatures, son travail étant plus proche du dessin de presse. Ce qu’on retrouve, de façon anachronique, et bienvenue, dans Amir Hamzeh et le zèbre dansant à travers le son de la machine à écrire au générique d’ouverture.

La miniature a essentiellement inspiré l’autre grand artiste des débuts du dessin animé au sein du Kanoun : Ali Akbar Sadeghi qui parfois ira vers le dessin de presse et la caricature tout en restant dans la couleur, notamment avec ce court métrage sur le jeu d’échec, La Tour (The Rook, 1974). Ses films les plus caractéristiques sont Les 7 cités (1971) dont le texte est récité par Ahmad Shamlou, La Pluie de fleurs (1972), Malek Khorshid (1975) ou Zal et le Simorgh (1977).

Le premier film de Shorahb Shahid Saless est également une animation en stop-motion, rappelant Norman MacLaren, tourné pour le Kanoun, sous le titre : Noir et blanc (1972), film éminemment politique même s’il ne comporte pas de dialogue. Ce qui le rend encore plus fort.

Le Kanoun marquera profondément le cinéma iranien des années 1990. En effet, même s’ils ne travaillent pas pour l’Institut, beaucoup de cinéastes vont y faire référence. Les films de Samira Makhmalbaf, La Pomme (1998) et Le Tableau noir (2000) rappellent les productions du Kanoun comme les premières œuvres de Jafar Panahi, Le Ballon blanc (1995) et Le Miroir (1997).

14211L’influence du Kanoun se retrouve également chez des cinéastes vivants en-dehors de l’Iran. On peut citer le cas de Sanaz Azari qui, avec I comme Iran (2014), a recourt au tableau noir et à un manuel scolaire, reprenant en les modifiant des illustrations d’avant la Révolution, réalisées par Parviz Kalantari qui travailla pour le Kanoun.

Comme on le voit, l’héritage du studio Kanoun est considérable. Le générique, qui ouvre les films, montrant un oisillon posé sur un livre ouvert, est la promesse d’un moment de bonheur toujours renouvelé, avec cette montée de notes rapides et saccadées, avant les accords sereins et mélancoliques, qui préparent le spectateur à une histoire instructive et divertissante.

Bamchade Pourvali