Dessins — 23 septembre 2014 at 0 h 28 min

Le Harem de Nasseredine Shah à Paris

Harem de Nasseredin Shah

Ce n’est pas une mais deux expositions que l’on peut admirer à la Galerie Nicolas Flamel à Paris du jeudi 18 au mardi 30 septembre.

En effet, sous le titre générique A Cartoonist Inside a Royal Harem – dont les lettrines roses évoqueraient presque la Panthère du même nom -, nous sommes conviés à une série de toiles peintes à l’acrylique réalisée par le dessinateur Bozorgmehr Hosseinpour d’après les photographies prises par Nasseredine Shah, le plus important et influent roi Qadjar.

En effet, régnant en maître absolu sur l’Iran de 1848 à 1896, celui-ci fut à l’origine de l’introduction dans le pays de la photographie dont il devint le premier praticien. Parmi ses sujets de prédilection figurait son harem constitué de 84 femmes comme le rappelle pour la télévision néerlandaise  ce film de Beate Peterson, Nasseredine Shah et ses 84 épouses (2012). Ici un extrait dans sa version persane diffusée par BBC Farsi :

Certaines toiles de l’exposition sont inspirées de photographies que l’on peut voir affichées à côté des tableaux mais d’autres sont des créations libres évoquant parfois une toile célèbre. Comme Les Ménines de Velasquez quand le Roi et son appareil photo apparaissent dans un miroir disposé à droite du modèle, ou jouant de façon anachronique avec les pratiques actuelles de la photographie comme ce « selfie » du souverain dans son hammam entouré de ses épouses, ou encore l’étonnant diptyque dans lequel les femmes apparaissent au pied du grand homme dans un désert comme autant de silhouettes noires évoquant une image célèbre de White Meadows (2009) de Mohammad Rasoulof.

En effet, le cinéma est très présent dans ces compositions. Et on ne peut s’empêcher de penser à Nasseredine Shah acteur de cinéma (1992) de Mohsen Makhmalbaf en cherchant derrière le visage sévère du souverain Qadjar celui rieur d’Ezzatollah Entezami !

Ces tableaux se trouvent à la croisée de trois arts : le dessin, la photographie et le cinéma.

On s’amusera de certains détails, le fameux mono-sourcil tombant des épouses du roi rimant avec sa moustache relevée. Mais aussi ce contraste authentique qui allie fouloir oriental et tutu occidental. Le souverain ayant importé ce costume suite à un voyage en Angleterre où il rencontra la Reine Victoria.

Cette exposition de tableaux est complétée par une autre toute aussi remarquable à travers les marionnettes d’Alireza Mirasadullah. S’inspirant de personnages de la cour dont les noms nous sont donnés dans des cartels, ces poupées colorées représentants les dignitaires et les épouses du Shah dans des éléments de décors raffinés : tapis et cousins persans…

Mirasadullah

On peut être étonné que cette exposition ait été montrée à Téhéran avant d’arriver à Paris car il s’agit de toute évidence d’images érotiques qui sans heurter la sensibilité laissent néanmoins un souvenir persistant comme un « enfer » ou un « paradis » felliniens !

Dossier de presse de l’exposition