Actualités — 18 mars 2018 at 18 h 31 min

Sortie en salle de « Dokhtar » (2016) de Reza Mirkarimi

Ce mercredi 21 mars sort en salle Dokhtar de Reza Mirkarimi. Le titre possède la même racine et la même signification que « daughter » en anglais qui désigne la fille d’une personne, se différenciant de « girl » qui est la fille au sens général. Si le français ne fait pas de différence entre ces deux acceptions à travers le mot « fille », le persan possède également un seul mot pour désigner ces deux réalités. C’est cependant dans le passage d’un sens à l’autre – de la dépendance à l’autonomie – que se construit l’histoire du film.

Daughter_01_300_previewCelui-ci commence par une scène se déroulant à Téhéran. Un groupe de jeunes filles, nouvellement diplômées, discute autour d’une table. La scène a une valeur quasi-documentaire. Les jeunes filles parlent de leur avenir, de leur désir de rester en Iran ou de partir, de leur dépendance par rapport au père aujourd’hui et à leur futur mari demain. Leur discussion peut rappeler une des séquences du documentaire Des Rêves sans étoiles (2016) de Mehrdad Oskouei où nous suivions une même discussion animée dans un centre de détention pour mineures. Cette scène que nous retrouverons plus tard, et sa résonance avec d’autres films consacrés à des jeunes filles dans le cinéma iranien contemporain, fictions et documentaires, montre que l’histoire qui nous est racontée pourrait être la même dans d’autres milieux sociaux et avec d’autres personnages.

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Passé ce prologue, le récit débute à Abandan, ville du Sud de l’Iran, célèbre pour son port et sa raffinerie de pétrole où travaille Ahmad, le père de famille. Un bulletin d’information parle de la pollution de l’air. Un sujet qui a son importance quand on sait que Sétareh souffre d’asthme. Cette pollution joue un rôle à la fois réel et symbolique dans le film. Ahmad, craint par ses employés comme par son épouse et ses enfants, fait régner un climat étouffant autour de lui. Samira, la soeur aînée de Sétareh, doit se marier prochainement. Il est prévu que son prétendant vienne faire sa demande de fiançailles prochainement. Tous s’affairent en vue de l’événement, à l’exception de Sétareh, préoccupée par un autre projet : partir à Téhéran retrouver ses amies pour un adieu à l’une d’entre elles. Comment demander l’autorisation à un père protecteur qui semble refuser toute discussion ?

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À la relation entre le père et la fille s’ajoute celle de la jeune fille avec sa tante Farzaneh. Chacun des personnages trouve sa place dans le film de manière séparée et unie. Le chiffre trois réapparaît à plusieurs reprises à travers l’évocation de trois générations, une glace à trois faces ou cette cantinière appelée « separtaze » qui se divise en trois parties tout en formant un seul objet. Le film peut aussi être vu comme un triptyque. Changeant de registre, de la comédie adolescente au mélo introspectif, Dokhtar traite d’une crise du patriarcat qui n’est pas sans rappeler La Gifle (1974) de Claude Pinoteau avec Isabelle Adjani, Lino Ventura et Annie Girardot. Comme dans ce film, le père imposant et autoritaire semble à la fin plus perdu que jamais.

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Dokhtar sera présenté en avant-première le mardi 20 mars à 20h30

en ouverture de « La semaine iranienne » au cinéma Chaplin Saint-Lambert,

en partenariat avec Iran ciné panorama