Réalisateurs — 13 avril 2017 at 23 h 24 min

Mohammad Rasoulof

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1973, Shiraz

Réalisateur, scénariste, producteur

Mohammad Rasoulof est diplômé de l’Université de Shiraz en sociologie. Il étudie ensuite le montage à l’Université Soureh de Téhéran (Beaux-arts), et débute comme réalisateur avec une série de courts métrages : Vendredi (1991), Le Clou (1993), Les Sept rêves (1994), Dix secondes de plus (1994), La Maison de verre (1997), La Fête du soir (1999). En 1998, il est l’assistant de Rasoul Sadr Ameli sur La Fille aux baskets. Il signe son premier long métrage en 2002 avec Le Crépuscule qui est projeté dans plusieurs festivals, dont Locarno, Karlovy Vary et Montréal. C’est avec son deuxième long métrage, La Vie sur l’eau (2005) qu’il s’affirme sur le plan international. Située dans le Golfe Persique, cette fable raconte la vie d’une petite communauté de familles venues s’installer sur un vieux cargo pétrolier abandonné au large des côtes iraniennes et dont le quotidien est régi par un capitaine aux méthodes autoritaires. Le film est sélectionné pour « la Quinzaine des Réalisateurs » à Cannes en 2005, et obtient le Prix spécial du jury au Festival de Gijón.

Mohammad Rasoulof revient au documentaire en 2008 avec La Parabole, un moyen métrage sur l’ingéniosité des Iraniens pour capter les chaînes étrangères. Le film est une critique sur la gestion des médias par le pouvoir politique. Dans The White Meadows (2009), projeté en compétition officielle au Festival International de San Sebastián, le cinéaste raconte l’histoire de Rahmat, chargé de recueillir les larmes des habitants de plusieurs îles voisines sur le lac Ourmieh en Azarbaïdjan iranien. Le film prend à nouveau les habits du conte pour évoquer par des chemins détournés la situation de l’Iran. Les larmes versés dans le film sont uniquement celles de peines, jamais celles de joies. Seuls l’artiste et l’amoureux se révoltent contre cette situation.

En mars 2010, Mohammad Rasoulof est arrêté en même temps que Jafar Panahi. Les deux réalisateurs sont soupçonnés de préparer un film hostile à Mahmoud Ahmadinejad dont la réélection contestée en juin 2009 est à l’origine de manifestations qui agitent le pays depuis plusieurs mois. Après avoir été placés en prison, les deux réalisateurs sont libérés sous caution. En décembre 2010, Mohammad Rasoulof est condamné avec Jafar Panahi à une peine de six ans de prison, suivie de 20 ans d’interdiction de faire des films, de donner des interviews ou de quitter l’Iran. Durant le temps de l’appel, les deux réalisateurs réalisent chacun un film : Ceci n’est pas un film de Panahi avec Mojtaba Mirtahmasb et Au revoir de Rasoulof qui dépeint le quotidien d’une jeune avocate de Téhéran joué par Leyla Zareh en quête d’un visa lui permettant de quitter le pays. Le cinéaste remporte le prix de la mise en scène à Cannes dans la sélection « Un Certain Regard ».

En 2013, Les Manuscrits ne brûlent pas, est à nouveau projeté au Festival de Cannes dans la section « Un Certain Regard », où il remporte le prix de la Fédération internationale de la presse cinématographique (Prix Fipresci). Le film aborde un épisode réel de l’histoire iranienne des années 1990, celui des crimes politiques contre les d’intellectuels iraniens en exil. Il a été tourné en Iran pour les plans d’extérieur et en Allemagne pour les scènes d’intérieur. Dans la veine de Melville, ce polar froid est l’une des grandes réussites du cinéaste.

En mai 2017, Mohammad Rasoulof concourt à nouveau à Cannes dans la sélection « Un Certain Regard » avec Un homme intègre (Lerd, 2017) qui remporte le grand prix de cette nouvelle édition.

Privé de passeport depuis le 16 septembre 2017, le cinéaste n’a pu se rendre au festival « Un état du monde… et du cinéma » du Forum des images où 5 de ses films étaient projetés du 17 au 21 novembre 2017. Un dialogue par Skype a cependant pu être établi lors de la soirée d’ouverture avant la projection d’Un homme intègre. Depuis la mi-octobre, l’ARP a lancé une pétition en faveur du cinéaste.

Le 29 février 2020, Rasoulof remporte l’Ours d’or à Berlin pour son film Le Diable n’existe pas. Composé de quatre récits, le film aborde la question de la peine de mort et du prix de la liberté. Il a été tourné par le réalisateur en demandant des autorisations pour quatre moyens métrages au nom de ses assistants. Par sa forme, Le Diable n’existe pas peut être comparé à quelques très grands films de l’Histoire du cinéma : Intolérance (1915) de D. W. Griffith, Pages arrachées au livre de Satan (1920) de C.T. Dreyer, Paisa (1946) de Roberto Rossellini, Le Décalogue (1988) de Krzysztof Kieślowski.

Après l’effondrement de la Tour Métropole à Abadan, le lundi 23 mai, Mohammad Rasoulof et Mostafa Alehamad ont signé un appel demandant aux forces de l’ordre de ne pas utiliser leurs armes contre les manifestants. Ils ont été arrêté le vendredi 8 juillet. Venu se renseigner sur leur situation au parquet de Téhéran, Jafar Panahi a été incarcéré et condamné à purger la peine de 6 ans de prison prononcée contre lui en décembre 2010.

FILMOGRAPHIE :

Long métrages

Le diable n’existe pas, 2020.

Un Homme intègre, 2017.

Les Manuscrits ne brûlent pas, 2013.

Au Revoir, 2011.

The White Meadows, 2009.

La Parabole, 2008.

La Vie sur l’eau, 2005.

Le Crépuscule, 2002.

Courts métrages :

La Fête du soir, 1999.

La Maison de verre, 1997.

Dix secondes de plus, 1995.

Les Sept rêves, 1994.

Le Clou, 1993.

Vendredi, 1991.